Tout savoir sur la poterie et la céramique au Japon

L’art de la poterie au Japon

La poterie japonaise, « yakimono » (littéralement « chose cuite »), et plus précisément l’art de la céramique, « tôgei », ont une longue histoire dont les premières traces remontent à plusieurs milliers d’années. Au cours de siècles de guerres et d’échanges culturels, les techniques de cuisson et de glaçure employées au Japon ont été fortement influencées par celles venues de Corée et de Chine, notamment à partir du 16ème siècle lors des campagnes militaires japonaises.

céramique japonaise

Des styles régionaux distincts se sont développés dans l’archipel, avec une prédominance des régions du sud et du sud-ouest. La finalité de l’objet fabriqué, ses formes, le style décoratif, la composition chimique de l’argile utilisée, le bois de cuisson, la technologie du four et sa température, le temps de cuisson, et toute une multitude de paramètres font la spécificité de chaque style.
On compte aujourd’hui une quarantaine de styles de céramiques et de porcelaines, dont certains peuvent être divisés à leur tour en styles différents. Le Japon reconnait 6 styles en particulier, appelés « rokkôyo », dont la tradition et l’influence sont considérées comme uniques dans le pays : Seto, Bizen, Tamba, Shigaraki, Echizen, et Tokoname.

La céramique de Seto

Aussi connue sous le nom de Seto-Sometsuke, est un style de céramique émaillée à la cendre, originaire de la ville de Seto dans la préfecture d’Aichi, au centre de l’île de Honshu. Il s’agit du style le plus célèbre et le plus répandu au Japon, à tel point que le mot « Seto-mono » (chose de Seto) est devenu synonyme de poterie. La présence dans la région d’argile de très bonne qualité, combinée à la diffusion de techniques importées de Corée ont fait de Seto le haut lieu de la céramique au Japon. Le style Seto est caractérisé par son aspect glacé, par l’utilisation fréquente du bleu de cobalt et de tons indigo sur fond blanc, et par la richesse picturale généralement composée d’oiseaux et d’éléments végétaux.

La céramique de Bizen

Aussi appelée Imbe, est un style de céramique non-émaillée datant du 12ème siècle, et produit dans la préfecture d'Okayama, à l’ouest d’Osaka. La poterie Bizen est reconnaissable à sa couleur rouge sombre et brune aux accents métalliques provenant de la qualité ferrugineuse de l’argile et de l’utilisation du bois de pin pour la cuisson. On peut également trouver des pièces de Bizen de couleur gris-verte. De l’aspect brut mais extrêmement raffiné de la surface se dégage une impression de naturel et de sérénité rehaussée par des motifs cordés.

La céramique de Tamba

Aussi appelée Tamba-Tachikui, est un style de céramique émaillée développé dans la ville de Sasayama dans la préfecture de Hyogo, près de Kobe. Ses origines remontent à l’ère Heian, au début du 12ème siècle. Le style Tamba est surtout utilisé pour la fabrication d’objets de la vie quotidienne, comme des vases ou des carafes à saké, et il se caractérise par la sobriété des couleurs et la simplicité des formes. Une autre caractéristique du style Tamba est l’utilisation, encore de nos jours, de la même technologie de fours que ceux apportés par des artisans coréens il y a plus de 800 ans.

La céramique de Shigaraki

céramique de Shigaraki
Un style de céramique émaillée originaire de la préfecture de Shiga, non loin de Kyoto, et dont l’origine remonte au 11ème siècle. L’utilisation originelle, dès le 8ème siècle, du Shigaraki était la fabrication de tuiles pour le toit du palais de l’empereur à Shigaraki. Puis le Shigaraki a progressivement servi à fabriquer de la vaisselle, notamment des bols et des vases, mais ce n’est que plus tard qu’il servit à fabriquer les bols à thé de couleur verte aujourd’hui célèbres. La qualité de l’argile utilisée permet de produire des objets très robustes de grande taille, comme des grands vases d’extérieur, des tuiles, et des statuettes décoratives. Les pièces de Shigaraki ne sont pas décorées mais simplement émaillées à la cendre.

La céramique de Echizen

Echizen Un style de céramique non-émaillée originaire de la préfecture de Fukui, au nord de Kyoto, et dont l’origine remonte à la fin du 8ème siècle. Le style Echizen est reconnaissable à la couleur noire légèrement métallique de l’objet. L’esthétique est simple, et les décorations absentes.

La poterie de Tokoname

céramique de TokonameCe style de céramique émaillée d’inspiration chinoise trouve ses racines au 9ème siècle dans la préfecture d'Aichi, au centre de l’île de Honshu. Ce style servit d’abord à fabriquer des tasses à thé et des vases pour l’arrangement floral (ikebana). Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que l’on commença à fabriquer de la vaisselle de style Tokoname. L’utilisation d’une argile ferrugineuse donne au Tokoname sa coloration rouge typique.
De nombreux autres styles ne font pas partie des « rokkôyo » mais ne sont pas moins reconnus et aimés pour leurs qualités techniques et esthétiques :

La céramique de Raku

potier japonais
le Raku est un style de céramique originaire de l’ancienne capitale, Kyoto. Développée au 16ème siècle à partir de techniques venues de Chine, il s’agit d’une technique complexe de cuisson rapide et à basse température permettant de fabriquer des objets très résistants caractérisés par des couleurs métalliques et l’aspect brut de leur surface non-émaillée. Les bols à thé de style Raku sont les plus populaires pour la cérémonie du thé. La céramique Raku n’était à l’origine pas émaillée, cependant de nos jours elle est recouverte d’une glaçure colorée de rouge, de noir ou de blanc.

La céramique de Mino

la vaisselle japonaise
Le style de céramique Mino est originaire de la préfecture de Gifu, non loin de Nagoya, et est très proche tant esthétiquement que techniquement du Seto. Ce style sert principalement à produire des ustensiles pour la cérémonie du thé, et se divise lui-même en quatre « écoles » : Shino, Oribe, Setoguro, et Ki-Seto.
La céramique Shino est reconnaissable à sa glaçure laiteuse et à sa surface légèrement piquée qui lui donne un aspect de peau d’agrume. L’objet peut être laissé tel quel, décoré de peintures, ou teint de rouge ou de gris. La céramique Oribe est facilement reconnaissable à sa glaçure verte sombre et cuivrée et à ses motifs de décoration peints en traits épais. La céramique Setoguro est recouverte d’un émail noir, et la céramique Ki-Seto est émaillée de jaune tirant vers le beige.

La céramique de Hagi

Un style de céramique cuite à basse température développé à partir de techniques coréennes au 17ème siècle dans la préfecture de Yamaguchi, à l’extrémité ouest de l’île de Honshu. Deux frères coréens, emmenés de force au Japon après une campagne militaire, sont à l’origine de cette tradition aujourd’hui vieille de 400 ans. La céramique Hagi est très appréciée pour ses bols à thé, reconnaissables à leur glaçure fine et laiteuse sur la surface d’aspect rustique. L’objet de style Hagi a la particularité d’être absorbant, et donc de changer de couleur au fil des années d’utilisation, que ce soit comme bol à thé ou comme tasse à saké. L’objet n’est, en général, par décoré d’autres motifs que ceux aléatoires résultants de la cuisson.

La céramique de Karatsu

Un style de céramique cuite à très haute température né dans la préfecture de Saga, sur l’île de Kyushu, puis probablement influencé par les techniques importées de Corée au 16ème siècle. Les bols à thé en céramique Karatsu sont très appréciés pour la pratique de la cérémonie du thé, avec leur style épuré et élégant. L’aspect final d’une céramique Karatsu varie en fonction de la technique de glaçure utilisée : simple, tirant sur le bleu, le vert, ou le jaune, métallique, ou noire.

La porcelaine de Arita

porcelaine japonaise
Aussi appelée porcelaine Imari, c’est un style de porcelaine de la préfecture de Saga, sur l’île de Kyushu au sud ouest de l’archipel. La porcelaine est arrivée au Japon par la ville d’Arita au 16ème siècle, apportée par un potier coréen emmené de force après une campagne militaire. Le style Arita développa rapidement une esthétique unique et fut la première porcelaine japonaise à être importée en Europe par les Hollandais, où elle fut très appréciée des monarques pour la perfection de ses formes et la pureté de ses couleurs. Typiquement, une porcelaine Arita se reconnait à l’utilisation du bleu de cobalt, ou du rouge et de l’or, sur le fond blanc brillant de la porcelaine. Le décor est souvent composé d’éléments végétaux, animaux et minéraux.

Cette courte liste n’est pas exhaustive et ne rend pas hommage à de nombreux styles magnifiques, parmi lesquels le Mashiko, le Iga, le Onda, le Ryumonji, le Sôma, le Yokkaichi-Banko, les porcelaines Tobe, Satsuma, Kutani, et bien d’autres encore.

 

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